sexta-feira, 1 de outubro de 2010

Venérable Pie XII : Qu’il soit donc bien entendu de tous qu’on ne peut dignement honorer Dieu si l’âme ne tend pas à la perfection de la vie, et que pour faire parvenir à la sainteté, le culte rendu à Dieu par l’Église en union avec son chef divin possède la plus grande efficacité. Mais il faut remarquer que ce sont des membres vivants, doués de raison et de volonté personnelles ; en approchant leurs lèvres de la source, ils doivent donc nécessairement s’emparer vitalement de l’aliment, se l’assimiler et écarter tout ce qui pourrait en empêcher l’efficacité. Il faut donc affirmer que l’œuvre rédemptrice, indépendante en soi de notre volonté, requiert notre effort intérieur pour pouvoir nous conduire au salut éternel.

Encyclique MEDIATOR DEI


de Sa Sainteté le Pape PIE XII

SUR LA SAINTE LITURGIE
  Exagération de l’élément extérieur

C’est donc avoir une notion tout à fait inexacte de la sainte liturgie que de la regarder comme une partie purement extérieure et sensible du culte divin, ou comme une cérémonie décorative ; ce n’est pas une moindre erreur de la considérer simplement comme l’ensemble des lois et des préceptes par lesquels la hiérarchie ecclésiastique ordonne l’exécution régulière des rites sacrés.

Qu’il soit donc bien entendu de tous qu’on ne peut dignement honorer Dieu si l’âme ne tend pas à la perfection de la vie, et que pour faire parvenir à la sainteté, le culte rendu à Dieu par l’Église en union avec son chef divin possède la plus grande efficacité.

Quand il s’agit du sacrifice de la messe et des sacrements, cette efficacité provient surtout et avant tout de l’action elle-même (ex opere operato). Si l’on considère ensuite l’activité propre de l’épouse sans tache de Jésus-Christ, qui rehausse de ses prières et de ses cérémonies le sacrifice eucharistique et les sacrements, ou s’il s’agit des sacramentaux et des autres rites institués par la hiérarchie ecclésiastique, alors l’efficacité dépend surtout de l’action de l’Église (ex opere operantis Ecclesiae), en tant que sainte et étroitement unie à son Chef dans toute son activité.
Théories nouvelles sur la " piété objective "

A ce propos, Vénérables Frères, Nous voudrions attirer votre attention sur les nouvelles théories touchant ce qu’on appelle la " piété objective " ; tendant à mettre en relief le mystère du Corps mystique, la réalité effective de la grâce sanctifiante et l’action divine des sacrements et de la messe, elles semblent vouloir amoindrir ou même passer sous silence la " piété subjective " ou personnelle.

Dans les cérémonies liturgiques, et en particulier dans le saint sacrifice de l’autel, il est bien vrai que l’œuvre de notre rédemption se continue et que ses fruits nous sont appliqués. Le Christ nous sauve chaque jour dans les sacrements et à la messe ; par eux, il purifie sans cesse et il consacre à Dieu toute l’humanité. Ces actes ont donc une valeur " objective ", qui nous fait vraiment participer à la vie divine de Jésus-Christ. C’est donc de la vertu divine, et non de la nôtre, qu’ils tirent leur efficacité pour unir la piété des membres à celle du Chef et en faire en quelque sorte une action de toute la communauté. Certains concluent de ces profonds arguments que toute la piété chrétienne doit se renfermer dans le mystère du Corps mystique du Christ, sans aucune considération " personnelle " ou " subjective " ; ils estiment donc qu’il faut négliger les autres pratiques de religion non strictement liturgiques et accomplies en dehors du culte public.

Bien que les principes ci-dessus exposés soient excellents, tout le monde remarquera pourtant que ces conclusions sur les deux sortes de piété sont tout à fait fallacieuses, insidieuses et dommageables.

Nécessité de la piété subjective

Il est vrai que les sacrements et le sacrifice de la messe ont une valeur intrinsèque en tant qu’ils sont les actions du Christ lui-même ; c’est lui qui communique la grâce divine de Chef et la diffuse dans les membres du Corps mystique ; mais pour avoir l’efficacité requise, il est absolument nécessaire que les âmes soient bien disposées. Ainsi, à propos de l’Eucharistie, l’apôtre Paul nous dit : " Que chacun s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice " (I Co XI, 28). C’est pourquoi l’Église, en termes expressifs et concis, nomme-t-elle " défense de la milice chrétienne " (Missale Rom., Feria IV Cinerum : orat post imposit. cinerum.) tous les exercices de purification de l’âme, surtout durant le jeûne du carême ; ils représentent, en effet, les efforts actifs des membres qui veulent, avec l’aide de la grâce, adhérer à leur Chef, afin que, dit saint Augustin " la source même de la grâce apparaisse dans notre Chef " (De praedestinatione sanctorum, 31). Mais il faut remarquer que ce sont des membres vivants, doués de raison et de volonté personnelles ; en approchant leurs lèvres de la source, ils doivent donc nécessairement s’emparer vitalement de l’aliment, se l’assimiler et écarter tout ce qui pourrait en empêcher l’efficacité. Il faut donc affirmer que l’œuvre rédemptrice, indépendante en soi de notre volonté, requiert notre effort intérieur pour pouvoir nous conduire au salut éternel.